Visionnage collectif du film Wild Relatives (64min, HD video, 2018) de Jumana Manna.
Suivi par des échanges avec l'artiste. A travers la sculpture, le cinéma et l’écriture, Jumana Manna traite des paradoxes des pratiques de conservation, en particulier dans les domaines de l’archéologie, de l’agriculture et du droit. Sa pratique considère la tension entre les traditions modernistes de catégorisation et de conservation et le potentiel indiscipliné du périssable comme partie intégrante de la vie et de sa régénération. Jumana a grandi à Jérusalem et vit à Berlin.
« Dans les profondeurs de la terre, sous le pergélisol arctique, des graines du monde entier sont stockées dans la Svalbard Global Seed Vault pour fournir une sauvegarde en cas de catastrophe. Wild Relatives commence par un événement qui a suscité l’intérêt des médias du monde entier : en 2012, un centre international de recherche agricole a été forcé de déménager d’Alep au Liban en raison de la révolution syrienne transformée en guerre, et a commencé un processus laborieux de plantation de leur collection de semences des sauvegardes Svalbard. Suivant le chemin de cette transaction de semences entre l’Arctique et le Liban, une série de rencontres dévoilent une matrice de vies humaines et non humaines entre ces deux endroits éloignés de la terre. Le film saisit l’articulation entre cette initiative internationale à grande échelle et sa mise en œuvre locale dans la vallée de la Bekaa au Liban, réalisée principalement par de jeunes femmes migrantes. Le rythme méditatif démêle patiemment les tensions entre les approches étatiques et individuelles, industrielles et biologiques de la conservation des semences, du changement climatique et de la biodiversité, dont témoigne le voyage de ces semences. »
Après-midi :
Visite des expositions Difé et La nuit de Minia Biabiany, Palais de Tokyo
Accompagné par Yoann Gourmel, curateur des expositions
Minia Biabiany questionne dans son travail la relation au territoire et au lieu à partir du contexte caribéen et guadeloupéen — sa poétique, son histoire coloniale, son présent comme territoire dominé et sous assimilation. Sa démarche artistique s’accompagne de la conception d’outils pédagogiques à la recherche d’un apprentissage autonome et de manières d’habiter les tensions de ce territoire, d’une sensibilité continue aux lieux dans lesquels elle évolue, ainsi que de la mise en dialogue des différentes voix qui ont signalé à travers l’histoire les processus de colonialité de la région insulaire qu’elle habite. Dans sa pratique, le tressage sert de paradigme pour penser les structures de la narration et du langage ouvrant à une multiplicité de modes de connaissance, tandis que le dessin dans l’espace engage une façon d’interagir de manière active avec sa propre perception. Comment la perception de l’espace est-elle façonnée par notre propre histoire de façon à la fois physique et mentale ? Inversement, comment l’espace psychologique et mental est-il impacté par l’espace qui nous entoure ? (texte : Palais de Tokyo)