Marian Nur Goni est historienne et historienne de l'art. Son travail porte principalement sur l'histoire de collections en/d'Afrique de l'Est, souvent examinées sous un angle diasporique, soulevant par là des questions de transmissions de mémoires, d’écriture de l’histoire et de processus de patrimonialisation et de réparation. Membre du collectif SHIFT, elle est cofondatrice de la revue en ligne Troubles dans les collections, ainsi que du projet curatorial et de recherche International Inventories Programme (IIP) qui vise à établir un inventaire d'objets kenyans conservés dans les institutions du Nord. Elle est maîtresse de conférences en art contemporain, études postcoloniales et géopolitique à l'Université Paris 8 en France.
Dans le cadre du projet Re-connecting 'Objects' : Epistemic Plurality and Transformative Practices in and beyond Museums, sa recherche comporte deux volets. D'une part, elle mène des recherches sur la collection d’art et « ethnographique » de Joseph Murumbi (1911-1990), un homme d'État kenyan dont le travail au sein des réseaux transnationaux de libération a joué un rôle déterminant dans les années qui ont précédé l'indépendance du Kenya. La constitution de sa collection, aujourd'hui conservée aux Archives nationales de Nairobi, est étudiée dans le cadre des débats panafricains sur la culture matérielle, les musées et les questions de restitution des années 1950 aux années 1980.
D'autre part, elle travaille, avec l'artiste et chercheur Sam Hopkins, sur les imaginaires politiques des lions de Tsavo, les deux lions « mangeurs d'hommes » qui ont provoqué l'arrêt de la construction du chemin de fer Kenya-Ouganda en 1898. Taxidermisés, ils sont conservés au Field Museum de Chicago depuis 1925 où, malgré des espoirs de les voir retourner au Kenya, ils demeurent aujourd'hui. Dans le cadre de l'exposition Invisible Inventories (Nairobi, Cologne, Francfort, 2021-2022), Sam Hopkins et Marian Nur Goni ont créé une installation sonore intitulée Simba Mbili: Potential Histories of the Man-Eaters of Tsavo, qui tente de comprendre cette histoire impériale à travers une approche décoloniale.